La peur
Nelson Mandela a dit un jour : « Le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre”.
Cette phrase a réellement du sens pour moi. Je me rends compte, en prenant de l’âge, que la plupart des gens sont bien plus courageux qu’ils ne pensent, des guerriers solitaires.
Quand on parle voyage, la peur est un sentiment que l’on ressent parfois déjà à la conception du projet. Plus les jours avancent et plus le doute s’installe. Suis-je capable de le faire ? Que vais-je trouver dans ce pays ? Vais-je rencontrer des gens ? Quels sont les risques que je prends ? Autant de questions et bien d’autres qui s’encoublent et se chevauchent dans nos têtes bien remplies…
Souvent la peur est un sentiment que l’on souhaite éradiquer, ou du moins passer outre. Surtout en ce qui concerne les phobies et peurs paralysantes. Celles que tu arrives le moins à gérer.
A contrario, certains « surkiffent » la peur, pour l’adrénaline que cela procure. Ce shoot qui te fait sourire béatement durant de longues minutes…
Pour trouver son équilibre face à la peur, ce qui m’a aidé était de comprendre et différencier ces multiples peurs : la peur adrénalique, les phobies, les peurs paniques ou angoisses faisant référence à un traumatisme et celles qui m’ont poussée à m’améliorer. Le travail a été colossal, sachant que j’ai peur dans de nombreuses situations ; mais je voulais différencier les peurs qui me tirent vers le haut et celles vers le bas.
Finalement, je les ai classées suivant ces catégories :
- la peur contournable ou la peur que je ne veux pas/plus vivre et qui n’est pas primordiale (phobies)
- la peur qui me fait du bien (adrénaline)
- la peur profonde qu’il faut que j’apprenne à apprivoiser (traumatisme)
La peur contournable
Dans cette rubrique, j’ai mis les peurs qui sont peu fréquentes, ou celles que je peux aisément éviter. Par exemple, prendre l’avion, ou ma peur des serpents (oui il y a des serpents en Suisse – m’enfin on n’en croise pas à chaque coin de rue). Ce sont des peurs paralysantes sur le moment. Par contre, ce sont des peurs vives qui durent quelques minutes pour les phobies, quelques heures pour l’avion, mais qui ne restent pas.
Pour moi, tout ce qui ne fait pas partie des deux rubriques du dessous sont des peurs contournables.
🍀 Idées pour vivre mieux avec ses peurs 🍀
🌸 Se confronter à sa peur
Tu peux commencer doucement en essayant de ne pas fermer les yeux lorsqu’il y a ta phobie à la télévision (par petit dose jusqu’à l’insupportable). Fais très attention si tu le fais tout seul à ne pas renforcer ta peur. Cela pourrait être désastreux. Si tu n’es pas sûr de toi, mieux vaut opter pour la seconde option.
🌸 Voir un thérapeute
Voici quelques idées de thérapies possibles :
– Désensibilisation
– Programmation Neuro-Linguistique (PNL)
– Eye Movement Desensitization and Reprocessing (L’EMDR)
– Hypnose
– Gestalt thérapie
La plupart de ces thérapies t’aideront à mieux gérer ta phobie sans pour autant qu’elle ne disparaisse obligatoirement. Cela te permettra probablement d’imaginer découvrir une destination à laquelle tu n’osais pas penser, telle que l’Australie ou l’Amazonie, pour les phobiques des serpents ou des araignées.
La peur qui me fait du bien
Si tu me dis, Via Ferrata, saut en parapente, en parachute, spéléologie, etc. tu l’auras compris, JE DIS OUIIIIIIIIIII !!! Puis arrive le jour J, la boule au ventre, malaise, crise d’angoisse. Mais POURQUOI je me mets dans ce genre de situation ? Je morfle. Une fois en bas, je n’ai qu’une envie, repartir, refaire un tour, retester. C’est ce que j’appelle la peur adrénalique. Ces peurs me donnent des ailes, parce qu’elles me font grandir, renforcent ma confiance en moi, me font sortir de ma zone de confort. C’est la même peur que lorsque je dis, je m’en fous je pars en vacances à vélo ou à l’autre bout du monde. Je morfle un moment, puis mon cerveau est sur off et vient enfin la période où c’est que du bonheur, où tu te demandes presque pourquoi tu as eu si peur ! Et ça recommence la fois suivante.
🍀 Idées pour vivre mieux avec ses peurs 🍀
🌸Lâcher prise
Il n’est malheureusement pas possible de pouvoir contrôler l’intégralité de ta vie. Une fois que tu arrives à accepter cette vérité, il te sera plus facile de pouvoir profiter de l’instant présent. Lorsque que tu as peur, lâche prise et let the magic happen.
🌸 Sortir de sa zone de confort en douceur
Lorsque tu as peur durant une activité, c’est que tu sors de ta zone de confort. Pour certains, il faut des activités extrêmes là où pour d’autres changer une routine bien ancrée est déjà un grand pas. Si tu fais partie de la deuxième tranche, l’idéal est de commencer tout doucement pour ne pas te dégoûter, puis aller crescendo. Une bonne idée est aussi de faire appel au service d’un coach ou d’un guide pour te soutenir.
🌸 Est-ce une peur contournable ?
As-tu peur de l’avion ? Si tu n’as pris aucun plaisir à faire un trajet en avion et que tu en fais des cauchemars plusieurs jours après, c’est peut-être parce que ce moyen de locomotion est une peur contournable et non une peur te donnant de l’adrénaline. Dans ce cas, il te faudra sûrement regarder comment tu pourras continuer à voyager sans avoir besoin de t’envoler dans les airs. Pour trouver des idées de comment voyager différemment, je t’invite à visiter cette page.
🌸 Utiliser un ancrage naturel
Avant de pratiquer une activité qui t’angoisse, tu peux aussi utiliser des ancrages. Cela peut se faire à travers une musique – que tu apprécies et qui te rappelle de bons souvenirs – par une odeur ou simplement de la visualisation. Essaie de découvrir ce qui fonctionne le mieux pour toi et qui te calme.
La peur traumatique
A mon sens, c’est la plus difficile à gérer. Parce qu’elle demande énormément de travail psychologique. La plupart du temps, pour réussir à vivre plus sereinement avec une peur traumatique ou des angoisses paralysantes, une thérapie est nécessaire ou en tout cas très fortement recommandée. Toutefois, il existe encore aujourd’hui des traumatismes très difficiles à traiter. Ces peurs viennent soit d’un passé dans l’enfance impossible à retrouver (notamment pour certaines personnes ayant été adoptées), soit parce que tu ne les as pas reconnues comme telles.
Ayant moi-même vécu des traumatismes “compliqués” et des paniques, voici ce que j’ai compris :
Souvent le traumatisme est lié à la mort. Nous sommes des êtres qui avons un cerveau suffisamment développé pour comprendre que nous allons tous finir par mourir. Seulement nous n’arrivons pas à intercepter tous les signes de la vie et donc ne pas expliquer la mort. Le fait de ne pas savoir ce qu’il se passe après la mort peut juste te donner le tournis. Pour des gens ayant une histoire brutale, ou incompréhensible, la peur de la mort devient une vraie angoisse. Qui prend parfois beaucoup de place dans la vie est devient handicapante.
Le soir avant de dormir je me fais un film de ma vie parfaite, quelque chose d’apaisant et je me focalise dessus.
J’évite de m’énerver la journée pour ne pas ressasser des choses désagréables
Je travaille ma force mentale en me répétant des phrases
Je lâche prise et au pire, si je meurs, j’aurais fait mon max dans cette vie
Ma devise : Tout faire pour ne pas regretter ma vie, donner le meilleur de moi-même
🍀 Idées pour vivre mieux avec ses peurs 🍀
🌸 Thérapies
- Eye Movement Desensitization and Reprocessing – EMDR
- Psychothérapie
- Hypnose (surtout pour retrouver des traumatismes enfouis)
🌸 Apprendre à vivre avec
Pendant de longues années, la plupart des films me traumatisaient. Je vivais le film, incapable de faire la différence entre ce qui se passait à l’écran et la vie réelle. Combiné à ceci, je faisais énormément de cauchemars violents – guerres, armes, tueries de masse, etc.
J’en ai eu honte, parce que durant les soirées ciné, j’avais systématiquement peur et passais des nuits blanches. Puis, vers vingt ans, je me suis décidée à suivre une thérapie. Ne connaissant pas mon histoire de mes deux premières années de vie, ma psychologue m’avait indiqué qu’il serait très hasardeux à comprendre et retrouver d’où provenaient mes angoisses et paniques. Nous avons tout de même fait des recherches qui n’ont abouti à rien.
J’ai donc décidé de ne pas vouloir vivre toute ma vie à regarder uniquement les films d’amour, de Noël et à éviter les journaux, afin de pouvoir vivre normalement.
Voici les actions que j’ai mises en place et qui pourront t’être utiles également :
Créer des rituels :
- Je tente de ne pas trop boire dès le milieu de l’après-midi, afin de ne pas avoir besoin de me réveiller durant la nuit
- Je me fais chaque soir une visualisation sur ma vie parfaite – j’ai tenté la musique et la méditation, incapable de me calmer sans la visualisation.
- Je mange peu le soir ou j’essaie de manger super tôt pour ne pas me coucher le ventre plein
Faire deux choses en même temps pour garder un pied dans la réalité lorsque je regarde un film violent
- Lorsque je regarde des films qui me font peur, je fais un jeu à côté sur mon téléphone. Cela me permet de pouvoir faire la différence entre le film et la réalité. Si je n’ai pas de téléphone, je me prépare un chocolat chaud ultra bouillant, ou des légumes à grignoter.
Faire du sport
- J’essaie de me lever tôt le matin pour faire du sport ou alors y aller après le travail. Le fait de me défouler dans la journée me permet d’être plus calme le soir et m’endormir plus facilement.
Travailler son mental
- Ce qui m’aide le plus est le mental. Me parler constamment. Lorsque les angoisses commencent, je laisse mon cerveau se faire les pires scénaris possibles, puis je me force à me dire que c’est totalement irrationnel ; je décortique mes pensées pour les rendre de plus en plus absurdes. Parfois je lâche totalement prise, et au pire je meurs !
Voyager
- Voyager m’a fait comprendre que je ne supportais vraiment pas de dormir seule. Inconsciemment j’ai peur de mourir seule et que les gens me retrouvent seulement des jours plus tard. Le voyage m’a aidé, parce qu’excepté les nuits sous tente, je n’étais que rarement seule dans la chambre. Les rares fois où c’était le cas, je l’avais choisi !
Ceci n’est qu’une partie des actions mises en place, il y en a plusieurs autres. Les clefs du changement sont la patience et le temps.
Aujourd’hui, sans te mentir, il y a encore des jours où la peur de la nuit et de dormir est présente, mais j’ai trouvé ce qui me calme et me convient.
Ne baisse pas les bras !